Alors que le nouveau propriétaire de la F1 a décidé de supprimer les « grid girls » en début de course, la question se pose également pour le cyclisme, où les fameuses hôtesses continuent de féliciter les vainqueurs avec un bouquet et une bonne bise poisseuse à la fin de chaque course ou presque. Le Tour Down Under, première course de la saison en Australie, a déjà décidé de prendre des mesures, et ce depuis deux ans : les hôtesses ont été remplacées par des enfants. Plus récemment, et aux Etats-Unis cette fois, les organisateurs du Tour de Californie ont également décidé, en mai dernier, de supprimer les hôtesses à la fin des étapes. Autre changement, plus proche de nous : la Vuelta, qui se court actuellement (et où à la fin, c’est Valverde qui va gagner) a décidé depuis l’année dernière que les hôtesses devaient désormais être accompagnées par des hommes et n’avaient plus le droit de faire la bise aux vainqueurs. Du côté du Tour de France, alors que la question s’était posée en début d’année, Christian Prud’homme a rassuré tout le monde et a pour l’instant conservé les hôtesses. Mais jusqu’à quand ?

Pour nous c’est clair, cette tradition doit être conservée. Pour au moins toutes les raisons que voici.

  • Parce que les fleurs leur vont si bien

Quand elles arrivent, avec leur odeur envoutante, parées de couleurs vives, élégantes et bien apprêtées, on ne remarque plus qu’elles. Oui, les fleurs sont bien souvent les reines des cérémonies, à l’image de celles qui les portent aux vainqueurs du jour. Et comme les unes ne vont pas sans les autres, et que les fleurs sont inévitables et irremplaçables (n’en déplaise à Jacques Brel), gardons les deux sur nos podiums. Excusez donc notre petit côté conservateur.

  • Parce que les enfants sont trop petits et trop turbulents

Si on supprime les hôtesses des scènes de fin de course, la question est de savoir comment les remplacer. La première hypothèse est celle des enfants. C’est vrai ça, c’est mignon les enfants, surtout quand ils jouent à Candy Crush sur votre iPhone XS flambant neuf et que vous avez un maximum de paix pendant ce laps de temps béni… Jusqu’à ce qu’ils fassent des conneries derrière votre dos, tirant les cheveux de Peter Sagan, ou qu’ils commencent à brailler le générique de Pokémon dans le micro du speaker. Alors faire monter des mioches sur scène pour qu’ils fassent trébucher le maitre de cérémonie et qu’ils se mettent à chialer quand il faudra donner la peluche au vainqueur, non merci. Sans parler du fait qu’il leur faudrait un escabeau pour pouvoir atteindre simplement le cuissard des couronnés du jour. Imaginez juste un gamin claquer la bise à Johan Vansummeren, c’est inhumain.

  • Parce que si on met des jeunes cyclistes, ils vont vouloir des autographes

Autre hypothèse : sélectionner des jeunes un peu plus âgés et, tant qu’à faire, des cyclistes en herbe des écoles de cyclisme locales. Le genre d’ado à avoir un poster de Pierrick Fédrigo au dessus de son lit depuis 2012, et une collection de musettes Europcar archivées par années. Mais vous êtes-vous déjà retrouvés, bouillonnant d’hormones et d’étoiles dans les yeux, en face à face avec Peter Sagan ? C’est comme arriver au pied de Jésus et d’être témoin privilégié de sa grandeur. Dans tous les cas, il vaut mieux être émotionnellement fort. Le risque avec de jeunes cyclistes, c’est qu’ils voudront à tout prix parler avec leur idole, prendre un selfie, faire signer leur bob Cochonou ou faire une story Snapchat… Bref, tout ceci fouterait en l’air le protocole pompeux de la cérémonie et ne serait bon qu’à fatiguer davantage le coureur, après les 3000 mètres de dénivelé positif qu’il vient d’avaler.

  • Parce que les robots ne sont pas encore assez fiables

Dernière hypothèse pour remplacer les hôtesses : les robots. Imaginez un peu le coup de pub pour la Grande Boucle, qui serait pour une fois en avance sur son temps et à la pointe de la technologie (oui, parce que nous vendre le balisage GPS comme une révolution, c’est un peu du foutage de gueule). Seul problème : les robots ne sont pas encore assez fiables. Du moins pas autant que peut l’être Vasil « Terminator » Kiryienka. Déjà, leur faire escalader les escaliers pour atteindre la scène serait un exercice périlleux pour eux, même s’ils ne portent pas de talons de 12 centimètres. Pire : leur faire distribuer les bouquets de fleurs et autres récompenses aux bonnes personnes… Ce n’est pas demain la veille. Au risque de voir l’élu du patelin local se faire remettre une gerbe Interflora et le coureur victorieux se faire écraser le pied par un condensé de technologie sud-coréenne.

  • Parce qu’elles mettent les coureurs cyclistes dans tous leurs états (et on adore les polémiques qui en découlent)

On se souvient tous de Peter Sagan sur le podium du Tour des Flandres le 31 mars 2013, prenant du plaisir pendant, mais aussi après la course. Ce serait trop bête de se priver d’images chocs, reprises dans toute la presse, dénoncées par 36 associations féministes et Marlène Schiappa, et qui poussent très souvent les équipes à publier un communiqué puis au coureur à balbutier de fausses excuses. Mais outre la mauvaise blague graveleuse du futur triple champion du Monde, certaines belles histoires ont vu le jour sur les podiums entre hôtesses et coureurs. C’est le cas par exemple de Christophe Moreau, qui y a rencontré sa future épouse Émilie lors du Tour de France 2000. D’ailleurs, le franc-comtois accomplit l’année suivante la seule entorse protocolaire connue de l’Histoire du Tour, en déposant un baiser sur la bouche de l’élue de son coeur quand il vint chercher son maillot jaune sur le podium de Dunkerque. Romantique.

  • Parce qu’elles aiment ce qu’elles font

A l’image des grid girls qui se sont fait exclure des courses de F1, les hôtesses pourraient elles aussi à l’avenir dénoncer ce choix unilatéral qui ne demande pas l’avis des principales intéressées alors que ces dernières aiment leur job. 

  • Parce qu’elles aiment ce qu’elles font

A l’image des grid girls qui se sont fait exclure des courses de F1, les hôtesses pourraient elles aussi à l’avenir dénoncer ce choix unilatéral qui ne demande pas l’avis des principales intéressées alors que ces dernières aiment leur job.