« Quand c’est bien, il faut le dire ». Cette phrase entendue quotidiennement au PMU du coin ou dans la bouche des petits managers en chemisette-cravate qui écument les PME n’est pourtant pas aussi bête qu’elle en a l’air. Et cet adage éculé peut aujourd’hui être mis en pratique pour le cyclisme sur route français, car oui : il va bien. Il est même de retour sur le devant la scène mondiale, n’en déplaise aux aigris qui pissent leur vinaigre sur les réseaux sociaux ou à la machine à café devant leur déca. Alors, puisque « quand c’est bien, il faut le dire », nous n’allons pas nous empêcher de le faire savoir !

Le cyclisme sur route français est de retour au premier plan, et c’est devenu indéniable. Il suffit juste de savoir se le dire pour s’en rendre compte. Depuis 1998 et pour des raisons que l’on connait et d’autres que l’on ne connait pas, il fallait se lever tôt pour voir nos coureurs tricolores briller ailleurs que sur les courses de la Coupe de France PMU, de la Classic Haribo à Paris-Camembert. Mais la tendance est au renouveau, depuis quelques temps. Qu’on se le dise : les années de disette sont révolues ! Et ce pour plusieurs raisons.

Les français brillent sur le Tour de France

Les coqs ont toujours fini par gagner des étapes de la Grande Boucle en guise de jolis lots de consolation. Mais voir figurer un coureur dans le top 10 relevait de l’exploit ou de la chance au début des années 2000 (Cyril Dessel avait dû avoir beaucoup de réussite pour terminer 6ème en 2006), un top 5 de l’anomalie et un podium de l’utopie. Aujourd’hui, « on » se « plaint » d’une 4ème place de Pinot au Giro, ou d’une 6ème place de Bardet au général du Tour après deux podiums consécutifs. En fait, on ne s’en contente plus : on veut revoir le podium élyséen garni de deux-tiers de coureurs tricolores, comme Pinot et Peraud en 2014. Applaudir un français en jaune à Paris, ce n’est plus un rêve : c’est une norme accessible, un besoin attendu. Et si on avait dit ça en 2002, on aurait bien rigolé. 

La France a gagné un nouveau Monument  

Si Sylvain Chavanel n’est pas passé loin d’être l’anomalie qui confirme la règle au Tour des Flandres 2011 (regrets éternels), Arnaud Demare a réussi à briser le long silence français qui soufflait sur les Monuments du cyclisme en 2016. Accrocher Milan-San Remo au palmarès hexagonal, ce n’est pas rien. Et ça n’avait plus été fait sur un Monument depuis le Tour de Lombardie remporté par Laurent Jalabert en… 1997. Dans le sillage du picard, Julian Alaphilippe collectionne les podiums et se ballade sur les Ardennaises. Ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’il ne s’offre la Doyenne ou le Lombardie, en ramassant toutefois au passage les non-moins prestigieuses Flèche Wallonne et Classica San Sebastian. Rien que ça. Et Bardet et Pinot peuvent briller à Liège, en Lombardie ou sur les Strade Bianche. Entre autres. Du coup, malgré le léger bémol à émettre sur les Flandriennes, ça va pas si mal, non ?

La France est favorite d’un Championnat du Monde

Avec Pinot, Bardet, Barguil et Alaphilippe en leaders, pour ne pas dire en épouvantails, l’équipe de France aura fière allure aux mondiaux d’Innsbruck. Un titre mondial qui lui échappe depuis Laurent Brochard en… 1997. C’est si loin, mais ça n’a jamais été aussi accessible. Et le cyclisme français irait mal, vous dites ?

Pèle-mèle

– Pierre Latour maillot blanc du Tour en étant équipier, ça vous classe un futur bonhomme.
– David Gaudu quant à lui, à l’âge où il devrait encore être un tendre néo-pro, tient déjà de belles promesses.
– Deux années de suite avec un maillot à pois à Paris (Barguil, Alaphilippe) et deux victoires d’étapes pour son porteur, on en parle ?
– Deux années de suite avec une victoire sur le Tour au sprint massif, et même un doublé tricolore dans l’effort groupé, c’est une stat’ qui pèse.
– Nacer Bouhanni qui en est à 5 victoires d’étape sur les Grands Tours et qui a remporté un classement par points… On signe tout de suite !
– Tony Gallopin à deux doigts de gagner Paris-Nice (enfin presque) et qui se claque une Classica San Sebastian au passage.
– Adrien Petit qui se rapproche chaque année dangereusement d’un exploit à Roubaix. Et Gaudin et Sénéchal qui font leur trou dans les Flandres…
– Des grands noms étrangers qui viennent dans nos écuries tricolores : Greipel, Küng, Terpstra…
– Pinot qui claque des belles courses en Italie et fait briller les couleurs françaises en terre hostile.
– Rémi Cavagna est probablement en train de devenir le crack que la France attend en contre-la-montre.
– Calmejane, Molard, Laporte, Rolland, Roux, Vichot, Coquard, Cosnefroy, Barguil, Turgis… peuvent gagner où bon leur semble, comme d’autres coureurs tricolores.

Ça va pas si mal, non ? Allez, quand c’est bien : il faut le dire !